La proximité d’une date anniversaire malheureuse se présente souvent à notre insu. Par exemple, une tentative de suicide effectuée il y a longtemps reste inscrite à jamais dans la mémoire du sujet. Les quelques jours précédant le drame, il ressentira un mal-être, des symptômes physiques qu’il jugera incompréhensibles.
Comment échapper à ces ombres et fantômes du passé qui jalonnent notre vie ? De manière consciente ou inconsciente, le traumatisme vécu tel jour et à telle heure se réactive sans que nous puissions y faire grand-chose : « J’ai perdu ma mère le 19 du mois de mars et depuis, chaque 19 du mois, je me sens terriblement triste » me confiait une patiente. Le traumatisme a la vie dure !
C’est comme si le trauma se refusait à l’oubli, résistait au temps long. L’émotion, le comportement, la pensée ressentis au moment du traumatisme refait surface et nous saisit avec la même intensité.
Nos cellules, à l’intérieur du système limbique, ont d’immenses propriétés dont celle de garder intactes toutes les informations qu’elles soient positives ou négatives.
Comment fonctionne notre cerveau, dans les jours qui précédent la date anniversaire ? Celui-ci se mobilise pour rappeler au sujet l’évènement pénible, douloureux. Une sorte d’élastique incontrôlable le ramène en arrière, dans le temps et l’espace du trauma.
Dans ce contexte troublant de la date anniversaire d’un traumatisme, survient un sentiment d’angoisse, d’inquiétude, de peur qui entraîne parfois de nombreuses somatisations. Le corps parle et exprime le mal -être par sa vulnérabilité, sa faiblesse (chute, maux de ventre, psoriasis, eczéma, gastro, grippe…etc).
Cette période se trouve marquée par une perte de contrôle (irritabilité, colère, tristesse) et d’estime de soi.
Il en va de même à l’approche de fêtes rassembleuses, telles les fêtes de fin d’année, périodes de retrouvailles familiales ; l’événement n’est pas vécu par tous de la même façon.
Ces rencontres traditionnelles peuvent susciter beaucoup d’appréhensions et d’angoisse (mauvais souvenirs, sentiment de solitude, conflit intra familiaux, absence de proches…etc). Le stress va croissant jusqu’à l’inévitable date.
Que faire pour sortir de la récidive ? échapper à la chute vertigineuse qui hante le sujet à intervalles réguliers .
Identifier le traumatisme en lien avec les dates anniversaires afin de le retraiter. C’est le souvenir source à laquelle il faut s’attacher. Le trauma soulagé, voire guéri permet à la mémoire du sujet de rompre son rapport répétitif à la date anniversaire.
La thérapie EMDR s’avère ici d’une efficacité remarquable.
Elle vise à décharger la mémoire de tels phénomènes cycliques.
Norbert ZERAH,
Psychologue clinicien, praticien EMDR