Comment comprendre le phénomène des angoisses de patient.es relatives à la peur de mourir ?
Contrairement à ce que l'on croit, cette angoisse ne concerne pas seulement les aînés ; elle touche également les jeunes.
A titre d’exemple, cette jeune fille de 24 ans qui vient en consultation pour exprimer sa crainte de mourir.
- « Qu’est ce qui vous fait peur ? »
- « C’est de ne plus voir le ciel, les arbres… »
La peur de mourir vient s’articuler à de nombreuses raisons, aussi différentes les unes des autres. Parmi lesquelles : la peur d’être enfermé.e dans une boîte, de ne plus voir ses proches, de rompre avec la vie matérielle, d’être dévoré.e par rats, peur de l’au-delà, du jugement dernier, de l’enfer, etc.
Comment résister, faire face à de telles angoisses ?
Soyons rationnel.le
Les neurones du cerveau obéissent à des lois physiques incontournables en lien avec le vieillissement. La chute de l’énergie, de la satisfaction des besoins, des désirs ou le faible accomplissement d’une activité gratifiante réduisent le sentiment d’un état d’être agréable, le plaisir.
La temps long propre à la vie entraîne une demande pressante de cette femme de 90 ans : « Dieu ma oublièe, je suis tellement fatiguée… ». C’est une anticipation, un souhait de mort.
Est-il plus facile pour les croyants d’accepter la mort en sachant qu’ils croient en la résurrection, l’éternité ? Rien n’est moins sûr. Peut être à cause d’une culpabilité, de comptes à rendre au créateur. Si loin de la position agnostique !
L’attachement à la vie matérielle rend plus difficile l’acceptation de cette tragédie qu’est la disparition à tout jamais de son être.
Ne faut-il pas être comme Abraham « rassasié » de jours pour accepter sereinement la mort ? Mais qu’est-ce que cela signifie ?
N’est-ce pas le sentiment qu’expriment certains patients en disant « J’ai bien vécu » . A l’inverse, les porteurs de ratages personnels, de regrets, de remords ont le plus grand mal à accepter ce qui ressemble à une inconsolable défaite.
Contre la solitude, à l’approche de la fin de vie, de l’inéluctable, il s’agit de favoriser le partage, l’amour, l’amitié, la tendresse, ces mouvements qui vont vers l’autre, de manière inconditionnelle. Car, au crépuscule de sa vie, à quoi bon la haine ?
Qui y a t’il derrière ce mur qui nous sépare de la mort ? Personne ne le sait. Peut-être un autre monde, un travail à accomplir auprès des vivants ?
Il semble que les artistes ne craignent pas ce passage dans l’au-delà parce que leur capacité d’imagination les sauve. Jusqu’au bout, ne rêvent ils pas de formes, de couleurs, de musiques, de retrouvailles avec l’absolu ?
Norbert ZERAH
Psychologue clinicien