Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 18:21

Lors du premier entretien clinique concernant la perte d'un proche, il semble très difficile pour le patient de faire état d'une perte, dans la mesure ou il s'agit de la disparition d'un être cher. celle ci faisant suite, par exemple à une longue maladie ou un âge avancé. Le patient vient chercher un accompagnement psychologique pour faire son deuil.

Portons notre attention sur une autre dimension du deuil: le deuil traumatique. Celui ci en lien avec une perte brutale (suicide, accident de voiture, catastrophe naturelle) est d'une toute autre nature. Cette perte là surprend par son imprévisibilité, sa soudaineté, sa violence.

D'une manière générale, le deuil "normal" semble plus facile à vivre. En cela que l'on est prépare à la mort du proche. on s'y attend. Il n'en demeure pas moins, bien sur, un deuil qui reste à faire.

Dans le cas ou la perte traumatique est trop lointaine,10, 15 ou 20 ans, le thérapeute E'MDR peut avoir la plus grande difficulté à construire l'évaluation nécessaire à la poursuite de son traitement, afin d'en favoriser le travail de deuil.

Alors comment procéder pour que le patient puisse se remémorer l'expérience intime de la perte, de son vécu émotionnel, et de la profondeur des relations entretenues avec le défunt?

Il ressort de ma pratique clinique qu'il convient de partir de situations satisfaisantes et agréables pour le patient, dans lesquelles il a partage avec le(la)disparu une belle complicité, une expérience de valeurs partagés. L'idée étant ici d'actualiser la profondeur de l'attachement avec le mort afin d'en mesurer toute la perte. C'est à cette condition que le travail de deuil véritable pourra se faire. La prise de conscience de ce qui a été perdu donne tout son poids, par la suite à la séparation, son acceptation.

Il faut noter que le processus thérapeutique vise aussi à ce que le patient , dans le rappel qu'il fait d'expériences ou de sentiments ambivalents à l'égard du disparu, puisse exprimer une parole longtemps retenue, enfouie en lui.

Dans l'expression de cette parole libéré enfin de la culpabilité envers le défunt, se dessine une pensée sans concessions pour les deux acteurs de la relation. Par son silence, le mort accorde au vivant, la pleine responsabilité de ces mots, de cette vérité mise à nue à laquelle le patient ne pourra se dérober.

Dans certaines circonstances l'authentique sentiment de la perte tire toute sa force du meilleur comme du pire. "J'accepte l'idée que je t'ai aimé autant que je t'ai détesté". C'est seulement après cette acceptation que le travail de deuil s'achemine tout doucement vers l'oubli apaisant, la centration en direction d'autres objets d'amour et d'amitié.

Paris le 31 juillet 2014

Norbert Zerah

Psychologue clinicien

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
On en veut encore traité de cette manière. Continuez.
Répondre